Venise, Vindelinus de Spira, 1470, f° 38v° [←Gallica].

ERano ecapei doro a laura sparsi

chen mille dolci nodi gliauolgea
eluago lume oltra misura ardea
di quei begli occhi chor ne son si scarsi
el uiso di pietosi color farsi
non so seuero o falso miparea
io che lesca amorosa alpecto auea
qual marauiglia si disubito arsi

N on era landar suo cosa mortale
ma dangelica forma et leparole
sonauan altro che pur uoce humana
uno spirto celeste un uiuo sole
Fu quel chiuidi & se non fusse or tale
piaga per allentar darco non sana

Les Œuvres, Épigrammes, « Dizain tiré de Pétrarque »,
Paris, Étienne Roffet, 1540, f° 48v° [←Gallica].

SEs blonds cheueulx estoient au vent espars,
Et ses yeulx clers gettoient ardant lumiere,
Son viz ryant monstroit de toutes pars
Ioyeulx accueil, & grace singuliere,
Pour bien parler elle estoit la premiere,
Et de son port sembloit vne deesse,
Donc si pour lors vers elle prins adresse,
Pour la seruir ne fault qu’on s’en esmaye,
Encores moins si ie l’ayme en vieillesse,
Desbender l’arc ne guerist pas la playe.

Paris, Abel l’Angelier, 1584, LXX, p. 15 [←Gallica].

L’Orine & blonde tresse à l’aure voletoit
En mille flots doucets mignardement ondée,
Et la lumiere estoit sans mesure dardée
De ce double Soleil, que mon œil plus ne void:

Dans le teint de son front la pitié se monstroit
(Ie ne sçai si ma veuë estoit, ou non bandée)
Et ma poitrine estant au feu accommodée,
Si soudain ie bruslai, merueille ce n’estoit.

En Ange elle marchoit, & non comme mortelle,
En parlant ses beaux mots plus de nous ne tenoient,
Et rien que de celeste & de diuin n’auoient:

Bref, ie vi que c’estoit vne ame toute belle,
Vn Soleil donne-iour: & s’il n’est ore ainsi,
Pour cela ie ne sen mon mal plus addouci.

Gramont, Les cheveux d’or… (1842)   ↓   ↑   ⇑  →t.m.
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet LXIX, p. 68 [←Gallica].

l’amour sur­vit à la beau­té qui l’a fait naître.

Les cheveux d’or étaient épars à la brise qui les rou­lait en mille nœuds char­mants, et la douce lu­mière jail­lis­sait plus ar­dente que de cou­tume des beaux yeux qui en sont main­te­nant si avares ;

Et il me semblait, je ne sais si c’était vrai ou faux, voir le vi­sage aimé se co­lo­rer de pi­tié. Moi qui por­tais dans mon sein l’ali­ment amou­reux, qu’y a-t-il d’éton­nant que je me sois su­bi­te­ment en­flam­mé ?

Sa démarche n’était point celle d’une mor­telle, mais d’une créa­ture an­gé­lique ; et ses pa­roles ré­son­naient au­tre­ment que la voix hu­maine.

Un céleste esprit, un vi­vant so­leil, voi­là ce qui m’ap­pa­rut ; et quand à pré­sent elle chan­ge­rait d’as­pect, une bles­sure ne gué­rit point parce que l’arc est affai­bli.

























Les Œuvres, Épigrammes, « Dizain tiré de Pétrarque »,
Paris, Étienne Roffet, 1540, f° 48v° [←Gallica].

SEs blonds cheueulx estoient au vent espars,
Et ses yeulx clers gettoient ardant lumiere,
Son viz ryant monstroit de toutes pars
Ioyeulx accueil, & grace singuliere,
Pour bien parler elle estoit la premiere,
Et de son port sembloit vne deesse,
Donc si pour lors vers elle prins adresse,
Pour la seruir ne fault qu’on s’en esmaye,
Encores moins si ie l’ayme en vieillesse,
Desbender l’arc ne guerist pas la playe.

Paris, Abel l’Angelier, 1584, LXX, p. 15 [←Gallica].

L’Orine & blonde tresse à l’aure voletoit
En mille flots doucets mignardement ondée,
Et la lumiere estoit sans mesure dardée
De ce double Soleil, que mon œil plus ne void:

Dans le teint de son front la pitié se monstroit
(Ie ne sçai si ma veuë estoit, ou non bandée)
Et ma poitrine estant au feu accommodée,
Si soudain ie bruslai, merueille ce n’estoit.

En Ange elle marchoit, & non comme mortelle,
En parlant ses beaux mots plus de nous ne tenoient,
Et rien que de celeste & de diuin n’auoient:

Bref, ie vi que c’estoit vne ame toute belle,
Vn Soleil donne-iour: & s’il n’est ore ainsi,
Pour cela ie ne sen mon mal plus addouci.

Gramont, Les cheveux d’or… (1842)   ↓   ↑   ⇑ o
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet LXIX, p. 68 [←Gallica].

l’amour sur­vit à la beau­té qui l’a fait naître.

Les cheveux d’or étaient épars à la brise qui les rou­lait en mille nœuds char­mants, et la douce lu­mière jail­lis­sait plus ar­dente que de cou­tume des beaux yeux qui en sont main­te­nant si avares ;

Et il me semblait, je ne sais si c’était vrai ou faux, voir le vi­sage aimé se co­lo­rer de pi­tié. Moi qui por­tais dans mon sein l’ali­ment amou­reux, qu’y a-t-il d’éton­nant que je me sois su­bi­te­ment en­flam­mé ?

Sa démarche n’était point celle d’une mor­telle, mais d’une créa­ture an­gé­lique ; et ses pa­roles ré­son­naient au­tre­ment que la voix hu­maine.

Un céleste esprit, un vi­vant so­leil, voi­là ce qui m’ap­pa­rut ; et quand à pré­sent elle chan­ge­rait d’as­pect, une bles­sure ne gué­rit point parce que l’arc est affai­bli.

























textes originaux
[R]

 

En ligne le 11/09/24.
Dernière révision le 28/03/25.