Claude EXPILLY
(1561-1636)
Dernier sonnet en ligne :
1596 : La vive neige…
 

Comme en un alambic,

mes flammes éternelles

Poussent dans mon cerveau

ces eaux continuelles,

Qui distillent après

sur mes poumons cavés.



 
Les Poèmes du Sieur d’Expilly

épître dédi­catoire

 

À très-haute et

très-illustre Dame,

Madame la Marquise
de Monceaux.

M
Adame,

Je vous ai des­ti­né ce livre. Ce sont les fleurs et les fruits des plus beaux ans de ma jeu­nesse, que je désire de perpé­tuer en la mé­moire des hommes : je ne les sau­rais mieux assi­gner à l’Éter­ni­té qu’en leur don­nant l’essor avec les favo­rables ailes de votre nom, qui les peut ti­rer si loin de terre que la longue chute des ans ne les pour­ra jamais abî­mer sous les ruines du monde. Les mer­veilles de vos per­fec­tions qui ra­vissent d’éton­ne­ment les yeux et les cœurs des vivants, pas­se­ront encore jusques à la pos­té­ri­té et lui por­te­ront un regret infi­ni de n’avoir vu celle qui pos­sède toutes les beau­tés accom­plies de l’âme et du corps, que les Humains peuvent deman­der au Ciel et à Nature. Et Dieu sait si ce qui mar­che­ra sous votre aveu trou­ve­ra place par­mi les beaux esprits des siècles plus recu­lés. Per­met­tez donc, Madame, je vous sup­plie, que ces vers courent le monde, assis­tés de la bonne for­tune d’un sauf-conduit si assu­ré. S’ils ont ce bon­heur d’être gra­cieu­se­ment accueil­lis de vous, j’espère avec le temps de les gros­sir de vos louanges. C’est le plus grand de mes désirs, ce sera la plus grande de mes féli­ci­tés : en chan­tant vos hon­neurs ils ne man­que­ront de beau­té ni moi de conten­te­ment, les ayant si bien lo­gés, qu’avec la lu­mière de votre gloire ils se pour­ront dé­fendre contre les ténèbres in­grates de l’Ou­bli. Ils ne pas­se­ront en nulle part sans y lais­ser le témoi­gnage de l’hon­neur et affec­tion que je voue à votre mé­rite, et par­tout ils diront que je suis et veux être vivant et mou­rant

Madame,

Votre très-humble servi­teur.

Expilly.

Les Poèmes du Sieur d’Expilly,
Paris, Abel L’Angelier, 1596
[Gallica, NUMM-71725, PDF_4_5]
(texte modernisé).


J’ai plus que n’a la mer au cerveau de reflux






En ligne le 27/10/05.
Dernière révision le 21/06/21.