Le glaçon endurci de la rigueur qui gèle
le cœur à ma cruelle
Et le tiède ruisseau qui d’un cours violent
De mes yeux va roulant
SCÉVOLE DE SAINTE-MARTHE.
Scévole de Sainte-Marthe n’a pas moins rendu de services à l’État dans les emplois dont il fut chargé, que le Président de La Ceppède, et s’est beaucoup plus distingué que ce magistrat dans les lettres humaines [1]. Sorti d’une famille qui a été féconde en savants, et qui comptait déjà entre les illustres Charles de Sainte-Marthe, dont j’ai parlé, on ne peut nier qu’il n’en ait été un des principaux ornements.
Il naquit à Loudun le 2 de Février 1536 et fut l’aîné des enfants de Louis de Sainte-Marthe, Seigneur de Neuilly, Procureur du Roi au siège de Loudun, qui mourut à Paris le premier de Septembre 1566, et de Nicole Le Fèvre de Bizay, fille du Seigneur de Bizay en Lodunois, et nièce de François Le Fèvre sieur de Beaulieu, Avocat du Roi en la Chambre des Comptes à Paris.
Scévole aima les lettres dès sa plus tendre jeunesse. Il les étudia d’abord dans l’Université de Paris, où Adrien Turnèbe, Muret et Ramus le formèrent à l’Éloquence et à la Poésie ; et il fit de si grands progrès, qu’outre le latin qu’il apprit avec soin, il devint aussi habile dans les langues grecque et hébraïque. Comme on le destinait à la Magistrature, lorsqu’il eut quitté l’Université de Paris, il alla successivement étudier la Jurisprudence à Poitiers, et à Bourges sous le célèbre Duaren, dont il acquit l’estime et l’amitié. Partout où le désir d’apprendre le transporta, il rechercha la conversation de ceux qui pouvaient l’instruire ; et l’on ne peut nommer aucun homme de lettres de son temps en France avec qui il n’ait fait du moins quelque liaison. On peut voir ce détail de sa vie écrite en Français par Gabriel Michel sieur de La Rochemaillet, Avocat au Parlement de Paris.
[…]
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la
Littérature française,
tome XIV, 1752, pp. 324-325
[Gallica, NUMM-50657, PDF_327_328]
(texte modernisé).
Notes
[1] La « vie » de Scévole de Sainte-Marthe succède dans la Bibliothèque de l’abbé Goujet à celle de La Ceppède.
Liens
* On peut trouver en ligne sur Persee, portail de publication électronique de revues scientifiques en sciences humaines et sociales, plusieurs articles consacrés à Scévole de Sainte-Marthe publiés dans différentes revues universitaires.
chanter
La bienheureuse Nuit qui a vu enfanter
Au ventre non touché d’une pucelle mère
Un éternel enfant d’âge égal à son père
En ligne le 27/02/17.
Dernière révision le 07/03/20.