J’Espère
et crains, je me tais et supplie,
Or’ je suis glace,
et ores un feu
chaud,
J’admire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.
Rien ne me plaît sinon ce qui
m’ennuie :
Je suis vaillant, et le cœur
me défaut,
J’ai
l’espoir
bas, j’ai le
courage
haut,
Je doute Amour,
et si je le défie.
Plus je me pique, et plus je suis
rétif,
J’aime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends
naissance.
Un
Prométhée
en passions
je suis,
Et pour aimer perdant toute
puissance,
Ne pouvant rien je fais ce que je puis.
J’espère et crains.) Il démontre les contraires effets qu’Amour produit en lui : lesquels nul ne peut au vrai entendre, qu’il ne les ait expérimentés en soi-même. Tel presque est un Sonnet de Pétrarque, qui se commence :
Amor mi sprona in un tempo et affrena,
Assecura, e spaventa, arde, et agghiaccia.
Un
Prométhée.)
C’est-à-dire, Mes passions
renaissent
perpétuellement, comme
celles de Prométhée :
duquel les Poètes disent, que pour avoir
dérobé le feu du ciel, il fut
attaché à une montagne de
Scythie nommé Caucase,
là où un aigle lui rongeait
continuellement le foie :
et afin que son tourment fût
perpétuel, il lui
renaissait de nuit autant de foie, comme
l’aigle pincetant lui en avait
dévoré par jour.
Ainsi le raconte
Phérécyde.
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[texte modernisé]
[R]
En ligne le 13/04/08.
Dernière révision le 26/10/20.