Il ne fit que parler, et la Lumière blonde
Comme un éclair subtil
perça l’obscurité
UN POÈTE INCONNU.
[…] Les Bibliothèques de La Croix-Du-Maine et de Du Verdier se taisent sur Poupo. Sainte-Marthe, le panégyriste du temps, ne l’a point associé aux noms des illustres écrivains qu’il célèbre, des Choppin, Gilles, Fauveau, Bunel, Macrin, Finé, Chalvé, Aleaune, Perion, Goupil, Brisse, Bouju et Tiraqueau. Le Président de Thou, qui a fait aussi tant de grands hommes, ne lui a pas accordé un petit coin dans sa volumineuse histoire. Comment s’étonner, dès lors, du silence de toutes les biographies modernes ?
Triste destinée du poète ! Mais aussi pour un favori des Muses quel nom disgracieux ? Dans ce siècle, où florissait l’anagramme, que n’imita-t-il Nicolas Denisot, qui fit de lui, au rapport de Montaigne (1), un comte d’Alsinois, « qu’il estrena de la gloire de sa poésie et peincture » ?
Un critique cependant, poète lui-même, Guillaume Colletet (2), l’un des académiciens et des commensaux de Richelieu, entreprit d’arracher Poupo à son obscurité ; mais, comme si la fortune eût voulu persécuter sa mémoire jusqu’au bout, ce fut dans un livre demeuré inédit (3), les Vies des poëtes françois. Encore à peu de chose a-t-il tenu qu’il ne l’eût passée sous silence :
« Son nom, observe-t-il, ne m’est connu que depuis vingt-quatre heures que ses ouvrages me sont tombés entre les mains ; mais je confesse que j’y ai rencontré tant de belles choses, que l’auteur, tout hérétique qu’il était (on voit par là qu’il appartenait au protestantisme), ne passera jamais dans mon esprit pour un poète médiocre de son siècle. Le parti des religionnaires, il faut l’avouer, a toujours eu de temps en temps d’excellents écrivains, non seulement dans la langue latine, mais encore dans notre langue vulgaire. Celui-ci a célébré hautement plusieurs savants hommes de son époque et particulièrement ceux de son parti, comme Théodore de Bèze, Antoine Chandieu, Simon Goulart : ce qu’il fait avec une imagination si vive et avec un style si net et si doux, qu’en les louant de la sorte, il se rend lui-même infiniment louable. »
[…]
Léon FEUGÈRE,
Un poète inconnu, 1847,
pp. 2-3,
[Gallica, NUMM-5780689, PDF_5_6].
Notes de L. Feugère
(1) Essais, I, 46.
(2) C’est le père du poète crotté, dont Boileau s’est raillé si cruellement.
(3) Il est conservé à la Bibliothèque du Louvre [le manuscrit de Colletet a été détruit lors de l’incendie de la Bibliothèque du Louvre en 1871].
Liens
Compte rendu de lecture
* On peut lire un compte rendu de lecture, par G.-A. Pérouse, de Pierre POUPO, un poète protestant en Champagne, actes des sixièmes journées rémoises parus chez Klincksieck en 1992, publié dans la revue Réforme, Humanisme, Renaissance, (volume 36, 1993) en ligne sur Persee, portail de publication électronique de revues scientifiques en sciences humaines et sociales.
Biographie
* On peut lire une notice biographique, Pierre POUPO, poète protestant, sur le site Troyes d’hier à aujourd’hui… réalisé par Jacques Schweitzer.
Liens valides au 17/11/19.
Le loup n’est-il pas loup
au ventre de la louve
En ligne le 07/07/10.
Dernière révision le 17/11/19.