Pierre POUPO
(1552-1590)
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Il ne fit que parler, et la Lumière blonde

Comme un éclair subtil

perça l’obscurité



 
Léon FEUGÈRE, 1847
 

UN POÈTE INCONNU.

[…] Les Biblio­thèques de La Croix-Du-Maine et de Du Verdier se taisent sur Poupo. Sainte-Marthe, le pané­gy­riste du temps, ne l’a point asso­cié aux noms des illustres écri­vains qu’il célèbre, des Chop­pin, Gilles, Fau­veau, Bunel, Macrin, Finé, Chal­vé, Aleaune, Perion, Gou­pil, Brisse, Bou­ju et Tira­queau. Le Pré­si­dent de Thou, qui a fait aus­si tant de grands hommes, ne lui a pas accor­dé un petit coin dans sa volu­mi­neuse his­toire. Com­ment s’éton­ner, dès lors, du silence de toutes les biogra­phies modernes ?

Triste des­ti­née du poète ! Mais aus­si pour un favo­ri des Muses quel nom dis­gra­cieux ? Dans ce siècle, où flo­ris­sait l’ana­gramme, que n’imi­ta-t-il Nico­las Deni­sot, qui fit de lui, au rap­port de Mon­taigne(1), un comte d’Alsi­nois, « qu’il estre­na de la gloire de sa poé­sie et peinc­ture » ?

Un critique cepen­dant, poète lui-même, Guil­laume Col­le­tet(2), l’un des aca­dé­mi­ciens et des com­men­saux de Riche­lieu, entre­prit d’arra­cher Pou­po à son obs­cu­ri­té ; mais, comme si la for­tune eût vou­lu per­sé­cu­ter sa mémoire jusqu’au bout, ce fut dans un livre demeu­ré iné­dit(3), les Vies des poëtes fran­çois. Encore à peu de chose a-t-il tenu qu’il ne l’eût pas­sée sous silence :

« Son nom, observe-t-il, ne m’est connu que depuis vingt-quatre heures que ses ouvrages me sont tom­bés entre les mains ; mais je confesse que j’y ai ren­con­tré tant de belles choses, que l’auteur, tout héré­tique qu’il était (on voit par là qu’il appar­te­nait au pro­tes­tan­tisme), ne pas­se­ra jamais dans mon esprit pour un poète médiocre de son siècle. Le par­ti des reli­gion­naires, il faut l’avouer, a tou­jours eu de temps en temps d’excel­lents écri­vains, non seu­le­ment dans la langue latine, mais encore dans notre langue vul­gaire. Celui-ci a célé­bré hau­te­ment plu­sieurs savants hommes de son époque et par­ti­cu­lière­ment ceux de son par­ti, comme Théo­dore de Bèze, Antoine Chan­dieu, Simon Goulart : ce qu’il fait avec une ima­gi­na­tion si vive et avec un style si net et si doux, qu’en les louant de la sorte, il se rend lui-même infi­ni­ment louable. »

[…]

Léon FEUGÈRE,
Un poète inconnu, 1847, pp. 2-3,
[Gallica, NUMM-5780689, PDF_5_6].


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Notes de L. Feugère

(1) Essais, I, 46.

(2) C’est le père du poète crot­té, dont Boi­leau s’est rail­lé si cruel­le­ment.

(3) Il est conser­vé à la Biblio­thèque du Louvre [le manus­crit de Colle­tet a été détruit lors de l’incen­die de la Biblio­thèque du Louvre en 1871].




Liens

Compte rendu de lecture

* On peut lire un compte rendu de lecture, par G.-A. Pé­rouse, de Pierre POUPO, un poète pro­tes­tant en Cham­pagne, actes des sixièmes jour­nées rémoises parus chez Klincksieck en 1992, publié dans la revue Réforme, Huma­nisme, Renais­sance, (volume 36, 1993) en ligne sur Persee, portail de publi­ca­tion élec­tro­nique de revues scien­ti­fiques en sciences humaines et sociales.

Biographie

* On peut lire une notice biographique, Pierre POUPO, poète pro­tes­tant, sur le site Troyes d’hier à aujour­d’hui… réa­li­sé par Jacques Schweitzer.

Liens valides au 17/11/19.

Le loup n’est-il pas loup

au ventre de la louve

 
 
 

En ligne le 07/07/10.
Dernière révision le 17/11/19.