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Quand le Soleil
monte sur le Taureau,
Et que voyons primevère entamée,
Vertu descend de la corne enflammée,
Qui vêt le monde en teint vert et nouveau.
Ne seulement le dehors il fait beau,
Y produisant fruits, herbes et ramée :
Mais le dedans en prend inestimée
Fécondité, quoiqu'onc ne voit son fleau.
Et ainsi cette, étant entre autres dames
Un clair soleil, quand jette en moi ses flammes
Par les rayons des yeux, dont me soutient.
Crée d'amours pensées d'efficace,
Et faits et dits : mais comment qu'elle en fasse,
Ce beau printemps pour moi jamais ne vient.
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ARGUMENT selon
Philieul : Les dames créent les beaux chants amoureux dedans les
cerveaux de leurs servants.
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Qui voit (Phébus
sur le Taureau monté)
Le blanc, l'azur, le
vert, dont Flora
dore,
Les prés herbus, peut
penser voir encore,
Le gai printemps de sa
douce beauté.
Nombrant les rais, desquels au temps
d'été,
Diversement l’arc-en-ciel se colore,
L'infinité des
grâces, que j'adore,
Il peut nombrer en un
compte arrêté.
Et qui
pourra les Atomes comprendre
Du grand espace,
auquel l'on voit étendre,
De l'œil du
Ciel la lumineuse flamme :
Celui,
possible, aussi pourra connaître,
Dedans mon cœur
combien grande peut être,
L'affection, que je
porte à ma Dame. |
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QUand
Phébus qui disperse aux heures la valeur,
Au signe du Taureau héberger se retourne
La vertu choit çà-bas de la brûlante corne
Qui ce monde vêtit de nouvelle couleur.
Non seul en ce qu'on voit se ressent sa vigueur,
Qui les rives de fleurs et les montagnes orne,
Mais aussi dans la terre où clarté ne séjourne
Il donne bien profond vigoureuse chaleur.
Dont le fruit qui en vient se cueillit tout pareil
De Madame qui est sur autres un soleil,
Mouvant en moi les rais des yeux que je révère.
Créant d'amour pensée, action et parole :
Mais comment qu'elle fasse au joueur de son rôle,
Je n'ai encor trouvé pour moi la primevère.
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Quand le
Planète clair qui nous montre les heures
Du jour [--- --- --- ---] chez le Taureau loger
[L-- --- --- --- --- ---] des cornes, vient changer
Le monde [d-- ---] avec neuves parures.
Et non [--- --- --- ---] de fleurs extérieures
Les bords des clairs ruisseaux et champs fait arbriger,
Mais par dedans [il?] n'est en nul temps passager,
Le jour fait [eng--- ---] de soi les terres mûres.
Dont il se peut cueillir tel et semblable fruit,
Tout ainsi celle-là qui entre Dames luit,
Comme un Soleil, des rais de ses beaux yeux fait naître
Des pensées d'amour et œuvres et
discours,
Mais combien qu'elle fasse et tours et des retours,
Un Printemps, las, pour moi je ne vois jamais être.
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»» texte original
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COMMENTAIRE DE
MALDEGHEM : Il com- pare en ce Sonnet les yeux de Madame Laure au
Soleil, & soi à la terre, & il dit, qu'ainsi comme le
soleil commence à réchauffer la terre au premier d'Avril,
quand il entre au Taureau, il crée
des fleurs & des herbes & fruits pour ornement de la terre.
Ainsi
Madame Laure avec la clarté de ses yeux, quand elle les tourne
vers
lui, crée en lui pensées, faits & paroles : mais en
cela
il est différent de la terre, qu'elle ayant pris la vertu du
Soleil
de produire, envoie dehors, fleurs, herbes & fruits ; mais lui ne
peut
mettre en effet ses pensées qu'il a de pouvoir tirer quelque
fruit
de l'amour de Madame Laure ; pourtant il dit, qu'il n'est jamais
printemps
pour lui.. |
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