Joachim DU BELLAY (1522-1560)
Ô fleuve heureux…
Paris, G. Corrozet & A. L’Angelier, 1550.

Ô fleuve heureux, qui as sur ton rivage
De mon amer la tant douce racine,
De ma douleur la seule médecine,
Et de ma soif le désiré breuvage !

Ô roc feutré d’un vert tapis sauvage !
Ô de mes vers la source cabaline !
Ô belles fleurs ! ô liqueur cristalline !
Plaisirs de l’œil, qui me tient en servage.

Je ne suis pas sur votre aise envieux,
Mais si j’avais pitoyables les Dieux,
Puisque le ciel de mon bien vous honore,

Vous sentiriez aussi ma flamme vive,
Ou comme vous, je serais fleuve, et rive,
Roc, source, fleur, et ruisselet encore.

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Ô fleuve heureux, qui as sur ton rivage
De mon amer la tant douce racine,
De ma douleur la seule médecine,
Et de ma soif le désiré breuvage !

Ô roc feutré dun vert tapis sauvage !
Ô de mes vers la source cabaline !
Ô belles fleurs ! ô liqueur cristalline !
Plaisirs de lœil, qui me tient en servage.

Je ne suis pas sur votre aise envieux,
Mais si javais pitoyables les Dieux,
Puisque le ciel de mon bien vous honore,

Vous sentiriez aussi ma flamme vive,
Ou comme vous, je serais fleuve, et rive,
Roc, source, fleur, et ruisselet encore.

 

En ligne le 07/03/25.
Dernière révision le 07/03/25.