Sonnets sur la mort
Premier recueil de diverses
poésies
Les Amours
Je ne vois partout que des ombres
Je trouve même noirs les cieux,
Les Enfers mêmes si funèbres
Sont beaux, auprès de mes ténèbres.
JEAN DE SPONDE.
Henri de Sponde qui avait accompagné Saluste Du Bartas en Écosse, comme je vous l’ai dit à l’article de ce dernier, avait pour frère aîné Jean de Sponde ami de Florimond de Rémond, né comme son frère à Mauléon petite ville du pays de Soule, entre la Navarre et le Béarn [1]. Ils étaient fils l’un et l’autre du Sieur de Sponde Secrétaire et Conseiller de Jeanne d’Albret, Reine de Navarre. Tous deux naquirent dans le Calvinisme, dont leur père faisait profession ; mais Jean eut l’avantage de connaître le premier qu’il était engagé dans un mauvais parti, et de l’abandonner pour embrasser la Religion Catholique. Quelques conversations qu’il eut avec Jean Davy Du Perron, commencèrent à l’ébranler ; les réflexions qu’il fit dans la prison achevèrent de le déterminer. C’est du moins ce que dit Honoré de Laugier, Écuyer Sieur de Porchères, dans des Stances funèbres sur la vie, la mort et les écrits de M. de Sponde, où il fait ainsi parler celui-ci :
J’avais irrésolu
d’un et d’autre côté
Par diverses raisons ma foi contrepoussée…
Quand le grand Du Perron affermit à l’instant
Du poids de ses raisons ma légère
inconstance :
Je le vois, je l’écoute, et vis en
l’écoutant
La nature du vrai en l’art de
l’éloquence.
[…]
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la Littérature
française,
tome XIII, 1752, pp.335-336
[Gallica, NUMM-50656, PDF_361_362]
(texte modernisé).
Notes
[1] La « vie » de Sponde succède à celle de Florimond de Rémond dans la Bibliothèque de l’abbé Goujet.
En ligne le 27/04/10.
Dernière révision le 27/11/23.