Pierre de RONSARD (1524-1585)
Paris, veuve Maurice de La Porte, 1553.

SOit que son or se crêpe lentement,
Ou soit qu’il vague en deux glissantes ondes,
Qui çà qui là par le sein vagabondes,
Et sur le col, nagent folâtrement.

Ou soit qu’un nœud diapré tortement
De maints rubis, et maintes perles rondes,
Serre les flots de ses deux tresses blondes,
Je me contente en mon contentement.

Quel plaisir est-ce, ainçois quelle merveille,
Quand ses cheveux troussés dessus l’oreille
D’une Vénus imitent la façon ?

Quand d’un bonnet son chef elle Adonise,
Et qu’on ne sait (tant bien elle déguise
Son chef douteux,) s’elle est fille ou garçon ?

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de Muret

Soit que son or.) Il dit, qu’en quelque sorte que sa dame se puisse accou­trer, toutes pa­rures lui sont fort bien­sé­antes. Quand d’un bon­net son chef elle Ado­nise.) Quand pre­nant un bon­net, elle se rend sem­blable à un Ado­nis. Adon, ou Ado­nis fut le mi­gnon de Vé­nus, du­quel je par­le­rai en un autre lieu plus à plein. Son chef dou­teux.) Qui met en doute ceux qui le voient. Ain­si prennent quel­que­fois les La­tins, Am­bi­guus.) Vir­gile,

Transeat elap­sus prior, ambi­guum­que relin­quat.

S’elle est fille, ou gar­çon.) Ain­si dit Ho­race d’un jeune gar­çon nom­mé Gy­gès,

Quem si puellarum infereres choro,
Mire sagaceis falleret hospites,
Discrimen obscurum, solutis
Crinibus, ambiguoque vultu.
[Voir la tra­duc­tion, pro­po­sée par Danielle Carlès, de cette der­nière strophe de la cin­quième ode du deuxième livre des Odes d’Horace.]

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[texte modernisé]
[R]

 
 

En ligne le 02/02/25.
Dernière révision le 02/02/25.