Jean de LA TAILLE
(?-?)
Dernier poème en ligne :
1573 : Las, cependnt…

Je ne puis moins que de me dégorger

Sur le papier afin de m’alléger

 


 

L’Auteur.

J’AI trop longtemps été sans me faire connaître,
Il faut sortir au jour, il faut qu’à cette fois
J’éclaircisse mon nom, afin que le François
Sache au temps à venir que le Ciel m’a fait naître.

Loin, loin de moi sois tu Peuple ignorant et traître,
Qui envieusement délachant tes abois
Grinces la dent dépite, aussitôt que tu vois
Quelqu’un de qui l’honneur peu à peu vient à croître :

Sache que je ne suis de ces imitateurs,
Enflés de mots obscurs, qui serfs admirateurs
Haussent les grands aux Cieux par flatterie avare :

Je ne veux point ainsi les Muses valeter,
Ni en tonnant des mots si hautement vanter
Ceux qui les princes sont d’ignorance barbare.

Jean de La Taille,
Saül le Furieux,
Paris, Federic Morel, 1572, f° 1v°
[Gallica, NUMM-71364, PDF_5]
(texte modernisé).

 

Jean de LA TAILLE, 1572
 

JEAN DE LA TAILLE

DE BONDAROY
au lecteur

Sache, ami Lec­teur, que ce petit Recueil qui s’en­suit, n’est pas de moi, et afin que tu entendes qui en est l’Au­teur, et pour­quoi je l’ai ajou­té ici, je te sup­plie (au moins si quelque com­pas­sion des infor­tunes d’au­trui t’émeut quelque peu) de prendre la pa­tience de lire ici chose autant pi­toyable qu’il est pos­sible. Je t’avise donc que ce petit œuvre est à un mien Frère, mort par une pi­teuse aven­ture : pour la­quelle entendre il te plai­ra pre­miè­re­ment sa­voir (qu’étant lui et moi issus de mai­son moyenne en biens, mais de No­blesse si cer­taine, qu’on ne lui peut repro­cher le con­traire, au moins depuis trois cents ans) eûmes un Père, qui vivant encore et n’ayant étu­dié jeune, eut tel dé­pit, que son igno­rance ès Lettres fut cause (chose assez étrange), de faire apprendre science à ses Fils. À l’occa­sion de quoi, étant (pour être l’aî­né) plus avan­cé d’âge, je fus me­né à Paris (notre Athènes fran­çaise) afin d’être là ins­truit ès Arts li­bé­raux, non que fût l’in­ten­tion du Père de trans­for­mer aucun de ses en­fants en gens d’Église, ou de Jus­tice, mais avait opi­nion que le sa­voir est le seul pa­re­ment d’un Gen­til­homme, pour le faire har­di par­ler sû­re­ment à un cha­cun, comme disait Aris­tippe à un Ty­ran. Ayant donc l’es­pace de six ans pro­fi­té au­cu­nement ès lettres hu­maines, et ouï cet excel­lent pré­cep­teur Marc-Antoine Muret, je fus tiré du Col­lège, et me­né à Orlé­ans pour la curio­si­té de savoir aussi quelque chose du droit ci­vil. […]

Jean de LA TAILLE,
Saül le Furieux,
Paris, 1572, ff. 70v°-71r°
[Gallica, NUMM-71364, PDF_143_144]
(texte modernisé).



Liens

Étude

* On peut lire, de Louis-George Tin, L’uni­vers tra­gique de Jean de La Taille : Justice, ou ven­geance ?, article paru en 1999 dans le n° 48, pp. 25-44, de la revue RHR – Réforme, Huma­nisme, Renais­sance, en ligne sur Per­sée, por­tail de pu­bli­ca­tion élec­tro­nique de revues scien­ti­fiques en sciences humaines et sociales.




 

En ligne le 27/05/05.
Dernière révision le 04/04/20.