J’écrirai quant
à moi, et ma condition
Et quel sort j’ai couru, et quelle nation
M’a donné nourriture, et où je pris
naissance
Et qui m’a élevé dès ma
première enfance.
Les sept Livres des honnêtes Loisirs de François Le Poulchre constituent une sorte d’immense autobiographie en vers, ce que l’auteur désignait lui-même comme « un discours en forme de Chronoviologie où sera véritablement discouru des plus notables occurrences de nos guerres civiles, et des divers accidents de l’auteur », ou ce que Marie-Clarté Lagrée (Université de Paris IV-Sorbonne) présentait ainsi, dans le titre de sa contribution à un colloque consacré à « l’écriture de soi » qui s’est tenu en Irlande en mai 2005 : « Les avatars du discours sur soi : entre chroniques, mémoires, poésies, nouvelle, conte et essai. L’exemple de François Le Poulchre ».
FRANÇOIS LE POULCHRE,
seigneur de la motte-messemé.
François Le Poulchre, chevalier de l’ordre du Roi, Capitaine de cinquante hommes d’armes de ses ordonnances, seigneur de La Motte-Messemé, se vantait d’être descendu en ligne directe de cet antique consul romain Appius Pulcher, qui signala hautement sa valeur sous le fameux Lucullus. […] Quoi qu’il en soit il naquit […] au château de Marsan environ l’an [1546]. Comme son père était surintendant de la maison de Marguerite, Reine de Navarre, sœur du roi François 1er, il eut aussi l’honneur d’avoir pour parrain ce grand monarque, et pour marraine cette grande et généreuse princesse qui prit un grand et merveilleux soin de lui dès sa naissance jusqu’à le faire nourrir dans son château de Marsan et à son occasion d’exempter pour jamais de tailles sa nourrice et tous les siens. Et dès qu’il commença de croître et cajoler, elle voulut toujours l’avoir auprès d’elle, le fit tous les jours manger à sa table, si bien que quelques étrangers qui pussent arriver, il ne changeait jamais de place. Après tant de marques de bonne volonté que cette princesse lui témoignait, il n’y a point d’avancement ni de fortune qu’il n’eût pu apparemment espérer d’elle si elle eût vécu davantage. Mais le malheur de cet enfant voulut qu’il la perdît à l’âge de trois ans, c’est-à-dire en un âge innocent où ce malheur ne lui pouvait pas encore être fort sensible. […]
Guillaume Colletet,
La vie des Poètes gascons,
publié avec introduction, notes et appendices par Philippe
Tamizey de Larroque,
Paris, Auguste Aubry, 1866, pp. 99-101
[gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97359927, PDF_101_103]
(texte modernisé).
Liens
Textes en ligne
* On peut lire en ligne une transcription par Claude Martin des Amours d’Adrastie de François Le Poulchre, sur une page qui regroupe l’ensemble des textes publiés avant 2009 sur le site Cornucopie intégré depuis aux Bibliothèques Virtuelles Humanistes.
Liens valides au 11/04/21.
En ligne le 01/06/05.
Dernière révision le 20/05/24.