Traductions et imitations de
Voi ch'ascoltate...
Le Préambule des innombrables
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Textes originaux


TRADUCTIONS
IMITATIONS
1535, Marot, traduction.
1548, Philieul, traduction.
1575, Du Tronchet, traduction.
1600, Maldeghem, traduction.


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Canzoniere, 1 : Voi ch'ascoltate in rime sparse il suono...
ca 1535 - Clément MAROTSix sonnets sur la mort de Laure, sonnet 1, traduction.
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[Marot »»»]

VOus qui oyez en mes rymes le son
    Diceulx souspirs, dont mon cueur nourrissoie,
    Lors qu'en erreur ma ieunesse passoie,
    Nestant pas moy, mais bien d'autre facon:
De uains trauaulx dont feis ryme & chanson,
    Trouuer m'attens, (mais qu'on les lise & uoye)
    Non pitie seulle, ains excuse en la voye,
    On lon congnoist amour ce faulx garson.
Si voy ie bien maintenant & entendz
    Que longtemps fus au peuple passetemps,
    Dont a par moy honte le cueur me ronge:
Ainsi le fruict de mon uain exercice
    Cest repentance, auec honte & notice.
    Que ce qui plaist au monde n'est que songe.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»








Canzoniere, 1 : Voi ch'ascoltate in rime sparse il suono...
1555 (1548) - Vasquin PHILIEUL, Toutes les Œuvres vul- gaires de Pétrarque, livre I, sonnet 1, p. 9, traduction.
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[Philieul »»»]

    Vous qui oyez les chantz icy desduictz
De ces souspirs, dont mon cœur en detresse
Ie nourrissois sus lerreur de ieunesse,
Quand i'estois homme autre que ie ne suis:
    Du diuers stile, ou mes pleurs ie poursuis:
Du uain espoir, & douleur qui m'oppresse,
Si onc aues senty d'amours la presse,
Me pardonrez par pitié tant d'ennuys.
    Mais à présent ie uoy le bruit qui monte,
Et de mon mal par tout presque on deuise,
Dont bien souuent de moymesme i'ay honte.
    Honte est le fruict de ma uaine entreprise,
Et repentance, & le uoir sans mensonge,
Que tout plaisir du monde n'est qu'un songe.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»
ARGUMENT selon Philieul : En cestuy Sonnet le Poëte recongnoissant son erreur vse de confession, auec deprecation aux lecteurs, comme en matiere fauorable.









Canzoniere, 1 : Voi ch'ascoltate in rime sparse il suono...
1595 (1575) - Étienne DU TRONCHET, Lettres amoureuses, sonnet 1, p. 223, traduction.
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[Du Tronchet »»»]

    VOus qui en vers semez escoutez voïx & son
Des souspirs amoureux, pasture de mon cœur
En l'errante ieunesse, & premiere fureur,
Quand ie fus en partie homme d'autre façon.
    Ce que ie pleure & plaints par diuerse chanson,
Entre vaine esperance & friuole douleur,
Si quelqu'vn a prouué l'amoureuse chaleur
I'en espere pitié, non seulement pardon.
    Mais ores que ie voy que i'ay serui de compte,
Et de fable vulgaire, en rougissant de honte,
Ie regrete à part moy la saison consumee.
    Ie fais fruit toutesfois, & profit du mesconte
Par vn doux repentir, qui m'enseigne & me compte,
Que tout plaisir mondain n'est que songe & fumee.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»








Canzoniere, 1 : Voi ch'ascoltate in rime sparse il suono...
1606 (1600) - Philippe de MALDEGHEM, Le Pétrarque en rime française, sonnet 1, p. 21, traduction.
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[Maldeghem »»»]

    VOus qui prenez plaisir d'ouir la resonance
Des souspirs diuulguez en vers, dont fut mon coeur
Nourri lors qu'il estoit saisi de ieune erreur,
Quand autre homm' qu'or i'estoy d'ans, de moeurs &
    Et du stile diuers qui fait ma doleance,      [d'vsance,
Traictant vn vain espoir ioint a vaine douleur,
I'attends, outre pardon pitié de mon malheur,
Si par preuue vn de vous d'amour a cognoissance.
    Mais ie voy maintenant, que i'ay donné lontemps
Matiere de parler au peuple en passetemps,
Dont de moy-mesme en moy souuent la honte abonde.
    Et de ma vanité la vergogne est le fruict,
Auec le repentir, auquel ie voy deduit,
Que c'est vn songe bref tout ce qui plait au monde.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»
COMMENTAIRE DE MALDEGHEM : CEstuy Sonnet est comme le Proëme de toute l'oeuure, par lequel l'Autheur cherce de gaigner la beneuolence du Lecteur, & d'vne heure trouuer excuse & misericorde, confessant son erreur, disant aux premiers huit vers, qu'il espere trouuer pitié, non seulement pardon, d'auoir escrit tant des vers amoureux, & cela aupres de ceux qui sçauent, que c'est chose humaine pecher, & qui encore par preuue ont sçeu ce que peut amour : aux six derniers vers il confesse son erreur, dont il a honte et repentance, aiant cognu combien sont vaines, & de petite durée les choses humaines.