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Le bon uieillard
despart & se transporte
De sa maison, possible mal garnie,
Et si sa vie est ia presques fournie,
Laissant les siens pleurans prez de sa porte:
D'ou en trainant son corps, qu'à peine il porte,
Qui le support de trauail lui desnie,
Rend à l'effect sa uolonté unie,
Au mieulx qu'il peut son uouloir fault qu'assorte.
Et tout froissé uient à la cité
grande,
Pour contempler de celuy la semblance,
Qu'encore au ciel uoir espere & demande.
Ainsi ie uais cerchant en esperance
Entour autrui uostre figure, o dame,
Que tant desire, & que tant ie reclame.
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texte modernisé |
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ARGUMENT selon
Philieul : Estant loin de sa dame en pays estrange, il alloit regardant
par les eglises les autres damoyselles, pour veoir s'il y en auoit qui
la sienne ressemblast. |
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LE vieux homme se meut d'aller
à poil chenu,
Et laisse les doux lieux où s'est fourni son aage
Sa douce residence & son triste mesnage:
Qui perdu le chef pere en est moins soustenu.
De là poussant auant son flanc doux & menu
Pour les extremes iours de son dernier passage
Il s'aide tant qu'il peut & s'enfle le courage,
Du chemin & des ans tout laissé deuenu.
Tant fait-il, qu'il arriue à Rome à son
desir
Où de voir le pourtraic de celuy prend plaisir
Qu'au ciel voir tout parfaict, il a bonne esperance.
Madame ainsi je vais me lassant à loisir.
Pour veoir si ie pourray parmi autres choisir,
Pour mon contentement vostre vraye semblance.
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Le
vieillardot grisard, & chauue du doux lieu
Deloge, ou qu'il a fait l'amas de son grand âge,
Et de la famillette estonné au courage,
Voiant son cher patron tant foible dire à Dieu.
Puis de la retirant son corps débile &
vieu,
Par l'extreme labeur & penible voiage
De sa vie, a son coeur le mieux qu'il peut engage,
Ses pieds rompus des ans, & du grand entre-lieu.
Et à Rome parvient, suiuant son esperance,
Pour visiter de cil la vraye resemblance,
Lequel la haut au ciel il espere encor voir.
Ainsi souuentefois, Dame, estant las ie tache
De trouuer de ta vraye & desiree face
En celle de quelqu'autre vn monstre au vif miroir.
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texte modernisé |
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COMMENTAIRE DE
MALDEGHEM : Estant le Poëte eloigné de M. L. il dit que ne
pouuant voir son visage, il cherçoit le voir par celuy d'vne
autre, qui la resemblast, ne faisant autrement que le vieillard
pellerin, qui va de lointain pais à rome, pour voir le saint
visage, qui luy pourroit representer celuy du Sauueur. |
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