Traductions et imitations de
Piovonmi amare lagrime...
Le Préambule des innombrables
««« Canzoniere 17 »»»































Textes originaux


TRADUCTIONS
IMITATIONS
1548, Philieul, traduction.
1575, Du Tronchet, traduction.
1600, Maldeghem, traduction.


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Canzoniere, 17 : Piovonmi amare lagrime dal viso...
1555 (1548) - Vasquin PHILIEUL, Toutes les Œuvres vul­gaires de Pétrarque, I, sonnet 9, pp. 13-14, traduction.
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[««« Philieul »»»]

    Tres amers pleurs pleuuent de mes deux yeulx,
Auec un uent angoisseux de souspirs,
Quand à uous uoir ie prens tous mes plaisirs,
Pour qui me tiens loin du monde ennuyeux.
    Vray est qu’un peu ce soubris gracieux
Va appaisant l’ardeur de mes desirs,
Et en rongnant ces miens grandz desplaisirs,
Voz yeulx me font moins triste & soucieux.
    Mais mes espritz deuiennent puis glaçons,
Quand au depart uois ces doulces façons
Tordre de moy mes fatales estoiles.
    L’ame à la fin des clefz d’amour laschée
Sort de mon cœur, & pensiue & faschée,
S’en arrachant uous suit à pleines uoiles.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»
ARGUMENT selon Philieul : Icy est monstré le dueil, qu’ont les seruiteurs des dames se voyans hors d’esperance de iamais pouuoir de leurs amours iouyr, comme Petrarq; & m.d. Laure q. auoient voué, de iamais ne se marier.








Canzoniere, 17 : Piovonmi amare lagrime dal viso...
1595 (1575) - Étienne DU TRONCHET, Lettres amoureuses, sonnet 17, p. 240, traduction.
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[««« Du Tronchet »»»]

ALors ameres pleurs me pouuent du visage,
Auec vn vent spirant & souspirs angoisseux
Quand vers Madame sont girouëttant mes yeux,
Pour qui seule du monde i’ay quitté l’heritage.
    Vray est que mes desirs en leur ardente rage
Se trouuent appaisez par vn ris gracieux,
Ils me tirent du feu du martyre aux yeux
Quand à la contempler i’employe le courage.
    Mais moy & mes espoirs sommes apres molestes
Au despart, nous voyant tant d’actions honnestes
Et douces separer de ma fatale estoile.
    A la fin par la clef amoureuse deliure,
Mon ame sort du corps & desirant la suyure,
D’infinis pensemens fait promptement la voile.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»








Canzoniere, 17Piovonmi amare lagrime dal viso...
1606 (1600) - Philippe de MALDEGHEM, Le Pétrarque en rime française, sonnet 15, p. 34, traduction.
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[««« Maldeghem »»»]

    Comme pluie en ma veuë vne eau amere abonde,
Auec vn vent serré des souspirs angoisseux,
Tousiours quand enuers toy i’achemine mes yeux,
Par qui seule en abstract ie delaisse le monde.
    Il est vray, que ton ris dont la douceur seconde
Vn plaisible maintien, appaise mes zeleux
Et enflammez desirs, m’emblant du feu affreux,
Qui me bourelle alors qu’en toy mon oeil fait ronde.
    Mais peu apres mes sens deuiennent engelez,
Quand ie voy au partir de tes gestes miellez
Les estoiles partir, qui me sont destinées.
    L’ame enfin elargie auec les clez d’Amour
Du corps sort, à te suiure autant de nuit qu’au iour,
Et d’iceluy s’elance auec mille pensees.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»
COMMENTAIRE DE MALDEGHEM : Le Poëte demonstre par ce Sonnet des effects diuers disant que tousiours quand il regardoit les yeux de M. L. il souspiroit & pleuroit amerement, par auenture meu de la pitié de soymesmes, & de la douceur [sic, pour douleur] qu’il sentoit de son long trauail; & puis il dit, qu’aprez quasi subitement en riant, elle le remplissoit de merueilleux plaisir, appaisant la douleur, & le tirant du martire ; & puis quand il voit avec des doux gestes se retirer de luy les beaus yeux pour partir, il deuient vne froide glace, & que l’ame en fin animée par l’amour, sort du coeur en s’elançant de luy auec des profonds souspirs.