Pierre de RONSARD (1524-1585)
Paris, veuve Maurice de La Porte, 1552, p. 11 [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie,
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas, jai le courage haut,
Je doute Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée en passions je suis,
Et pour aimer perdant toute puissance,
Ne pouvant rien je fais ce que je puis.

J’espère et crains… (1553)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.  
Paris, veuve Maurice de La Porte, 1553, p. 12 [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie :
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas, jai le courage haut,
Je doute Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée en passions je suis,
Et pour aimer perdant toute puissance,
Ne pouvant rien je fais ce que je puis.

J’espère et crains… (1567)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.  
Paris, Gabriel Buon, 1567, f° 13v° [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et soudain me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie,
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas, jai le courage haut,
Je doute Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée en passions je suis :
Et pour aimer perdant toute puissance,
Crier merci seulement je nepuis.

J’espère et crains… (1578)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.  
Paris, Gabriel Buon, 1578, p. 30 [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie :
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas, jai le courage haut,
Je doute Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Mon mal prend fin, et soudain recommence.

Un Prométhée en passions je suis :
Jose, je veux, je souhaite, et ne puis.
Ainsi la Parque a filé ma naissance
.

























Paris, veuve Maurice de La Porte, 1553, p. 12 [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie :
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas, jai le courage haut,
Je doute Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée en passions je suis,
Et pour aimer perdant toute puissance,
Ne pouvant rien je fais ce que je puis.

J’espère et crains… (1567)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.  
Paris, Gabriel Buon, 1567, f° 13v° [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et soudain me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie :
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas, jai le courage haut,
Je doute Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée en passions je suis :
Et pour aimer perdant toute puissance,
Crier merci seulement je ne puis.

J’espère et crains… (1578)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.  
Paris, Gabriel Buon, 1578, p. 30 [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie :
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas, jai le courage haut,
Je doute Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Mon mal prend fin, et soudain recommence.

Un Prométhée en passions je suis :
Jose, je veux, je souhaite, et ne puis.
Ainsi la Parque a filé ma naissance
.

J’espère et crains… (1584)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.  
Paris, Gabriel Buon, 1584, p. 6 [←Gallica].

Jespère et crains, je me tais et supplie,

Or je suis glace, et ores un feu chaud,
Jadmire tout et de rien ne me chaut,
Je me délace et mon col je relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui mennuie :
Je suis vaillant et le cœur me défaut,
Jai lespoir bas jai le courage haut,
Je doute Amour et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
Jaime être libre, et veux être captif,
Tout je désire, et si nai quune envie.

Un Prométhée en passions je suis :
Jose, je veux, je mefforce, et ne puis,
Tant dun fil noir la Parque ourdit ma vie.

























textes modernisés
[R]

 

En ligne le 20/02/13.
Dernière révision le 25/05/24.