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QUand par
moi autre dame aux heures et instants
L'amour de ma maîtresse est en sa belle face,
Toutes autres beautés la sienne plus efface
Et plus en mes désirs amoureux je m'étends.
Alors je bénis l'heure et le lieu et le temps
Que mes yeux prirent mire en si divine place.
Et dis, mon âme assez vous dussiez rendre grâce
De mériter l'honneur du lieu où je prétends.
D'elle vous est venu le penser amoureux,
Qui (le suivant) vous mène au bien plus plantureux :
Peu prisant ce que l'homme a plus en souvenance.
D'elle se rend mon cœur gaillard et vigoureux
Qui me met au chemin d'être sain et heureux,
Tellement que déjà j'en ai bonne espérance.
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À
toute heure qu'Amour m'envoie au beau visage
De ma dame, lorsqu'elle entre autres s'éjouit,
Autant qu'au regard d'elle en beauté moins reluit
Chacune, autant croît plus l'amour en mon courage.
Je bénis et le lieu et les heures et l'âge
Auquel mes yeux si haut ont conduit mon esprit :
Et toi dis-je, âme dois rendre grâce en acquit,
Que d'un si grand honeur tu as eu l'avantage.
D'elle te vient le bien de l'amoureux discours,
Qui lorsque tu le suis t'offre au plus grand secours
Estimant bien peu cil auquel chacun s'avance.
D'elle aussi vient le cœur magnanime et joyeux
Qui te met au chemin conduisant droit aux cieux,
Tant que je marche jà hautain par espérance.
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»» texte original
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COMMENTAIRE DE
MALDEGHEM : Il dit par ce Sonnet, que toujours quand Mme Laure se
montre à lui un peu pitoyable tant plus qu'elle est plus belle,
que toutes les autres dames, tant plus croît son désir
amoureux, puis il bénit l'heure qu'il a mis son amour si haut,
lequel l'éperonne non à lascivité, mais au
principal bien céleste, estimant peu les choses du monde suivies
et aimées des hommes.
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