Copie de la Vie de la Damoiselle
de Gournay
envoyé à Hinhenctum Anglais.
L
A Damoiselle de
Gournay Marie de Jars naquit à Paris, de
Guillaume de Jars et Jeanne de Hacqueville,
ainée de tous leurs enfants.
Son père
tirait le nom et l’origine noble du bourg
de Jars vers Sancerre.
Mais la branche de
cette race dont il procédait venant par
succession de temps à
s’affaiblir de biens, ses derniers
aïeux furent forcés de quitter la
campagne et l’épée, pour se
retirer aux Villes et aux États et
vacations qui s’y pratiquent : et
fut quant à lui Trésorier de la
maison du Roi, outre la
Capitainerie et
Gouvernement de certains
Châteaux de Rémy,
Gournay et Moyenneville jadis
édifiés par les Anglais.
Il avait eu des charges
beaucoup plus belles, mais d’autant que
c’était par commission
seulement, nous ne nous amuserons point
à les noter.
La maison de
la mère était noble aussi, mais plus
florissante : toutes deux
apparentes et alliées de plusieurs bonnes
et honorables familles en France et toutes
deux Catholiques.
Le père
personnage d’honneur et
d’entendement laissa la
maison riche, tant par les biens que sa femme bonne et
vertueuse d’ailleurs lui avait
apportés, que par ses labeurs :
mais les guerres arrivées depuis son
décès et autres accidents
écîmèrent bien fort les
commodités de la veuve et des
enfants, qui restaient six.
Le père
mourant jeune, laissa cette fille petite
orpheline, mais la mère lui dura jusques
à près de vingt-cinq ans : sous
laquelle, à des heures pour la plupart
dérobées, elles apprit les Lettres
seule, et même la Latin sans Grammaire et
sans aide, confrontant les Livres de cette langue
traduits en Français, contre leurs
originaux.
Marie de GOURNAY
Les Advis, Paris, 1641,
Copie de la vie de la Damoiselle de Gournay, p. 992
[Gallica, ark:/12148/bpt6k8720865z/f1010].
Liens
Étude en ligne
* On peut lire, de Sylvie Gourde, « Écriture contre parole. Marie de Gournay et son autodéfense dans Apologie pour celle qui escrit », parue dans la revue Tangence, n° 77 consacré aux « Masques et figures du sujet féminin aux XVIe et XVIIe siècles », hiver 2005, pp. 61-72, en ligne sur erudit.org.
En ligne le 15/05/25.
Dernière révision le 15/05/25.