Roland BRISSET
(1560-1643 ?)
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1589 : Plutôt, plutôt la mer…
 
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Plein de mes trois enfants

qui ont sans funérailles

Leur sépulture prise

en mes propres entrailles

 

 
L’abbé GOUJET, 1752
 

ROLAND BRISSET.

Roland Brisset, Sieur du Sauvage, nous a laissé plus de vers que Tabou­rot[1], sans nous don­ner plus de poé­sies. Ce Poète était gen­til­homme, du moins il en prend le titre. Il naquit à Tours, fit ses études à Paris, et s’y fit pas­ser Avo­cat. […] Je ne connais de lui que des pièces Dra­ma­tiques. J’en ai vu cinq, impri­mées à Tours en 1590 in-4° : Her­cule fu­rieux, Thyeste, Aga­mem­non, Octa­vie, et Bap­tiste. Les quatre pre­mières sont imi­tées et sou­vent tra­duites de Sé­nèque : la cin­quième qui est la mort de Saint Jean-Baptiste, n’est guère qu’une tra­duc­tion des vers Latins de Bucha­nan. Le sixième poème, dont j’ai vu deux édi­tions, l’une en 1591 à Tours, l’autre à Paris en 1595, est une Pas­to­rale, inti­tu­lée la Dié­ro­mène, ou le Repen­tir d’Amour, tra­duite de l’Ita­lien de Louis Grotto, sur­nom­mé l’Aveugle d’Adria. […]

Brisset, quoiqu’affec­tion­né à la poé­sie Dra­ma­tique, soit par goût per­son­nel, soit, comme il le dit, par l’ha­bi­tude qu’il avait prise avec nos guerres ci­viles au milieu des­quelles il était né, ne se pres­sa pas cepen­dant de se pro­duire au grand jour. Plein, dès sa jeu­nesse, de la lec­ture de nos anciens Tra­giques Grecs et La­tins, aux­quels il joi­gnit la lec­ture des modernes, il est vrai qu’il s’es­saya dans le même genre, plus en imi­tant et en tra­dui­sant, qu’en inven­tant ; mais d’abord il ne fit part de ses pièces qu’à ses amis. La Croix-Du-Maine qui en eut quelque com­mu­ni­ca­tion, en cite plu­sieurs dans sa Biblio­thèque Fran­çaise impri­mée en 1584[2]. C’était à en croire Bris­set, une espèce de secret qu’il ré­vé­lait. À peine fut-il décou­vert que la plu­part des amis de l’Au­teur le pres­sèrent de rendre publics ces siens pre­miers essais. Ces sol­li­ci­ta­tions étaient flat­teuses ; un père d’ail­leurs a tou­jours quelque peine de renfer­mer ses enfants.

Brisset cepen­dant ne se ren­dit pas encore ; les troubles dont la France était agi­tée, lui parais­saient peu propres à se mon­trer sous un titre dont on ne le soup­çon­nait pas encore revê­tu. Une occa­sion, qu’il crut plus favo­rable, se pré­sen­ta enfin.

Henri III peu en sûre­té dans sa Capi­tale, fut obli­gé de se reti­rer à Tours ; il y appe­la auprès de lui le Par­le­ment de Paris, et la Chambre des Comptes. Brisset deve­nu plus har­di par la faci­li­té qu’il avait de se pré­sen­ter devant son Sou­ve­rain, fit impri­mer ses cinq Tra­gé­dies, qui étaient les pré­mices de ses labeurs, réser­vant, dit-il, à un autre temps, ce qui était né avec un âge plus mûr.

[…]

L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la Littérature française,
tome XIII, 1752, pp. 372-374
[Gallica, NUMM-50656, PDF_398_400]
(texte modernisé).


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Notes

[1] La « vie » de Roland Brisset suc­cède à celle d’Étienne Tabou­rot dans la Biblio­thèque de l’abbé Goujet.

[2] « Roland Brisset, Avocat au Parle­ment de Paris. Il a écrit plu­sieurs Tra­gé­dies Fran­çaises, et entre autres celles-ci : Thyeste, Andro­maque et Baptiste. Je les ai vues écrites à la main. Il fleu­rit cette année 1584. » La Croix Du Maine, La Bibliothèque, 1584, p. 449.



Et pourquoi maintenant les Astres argentés
Au milieu de leur cours se sont-ils arrêtés ?
Fuyons, allons-nous-en,

rendons le jour au monde.

 


En ligne le 28/06/12.
Dernière révision le 21/11/21.