LOPE DE VEGA (Félix), célèbre poète espagnol, né à Madrid en 1562, mort en 1635, fit des vers dès son enfance. À peine sorti des écoles, il eut un duel avec un gentilhomme qui s’était trouvé offensé par une de ses satires ; l’ayant blessé dangereusement, il se vit obligé de s’éloigner de Madrid pour plusieurs années. Il perdit de bonne heure une femme qu’il aimait, et embrassa alors l’état militaire ; il se trouvait à bord de la fameuse armada dite l’invincible. Il quitta le service en 1590, se remaria quelques années après (1597) et se mit à faire des pièces pour le théâtre. Ayant perdu au bout de peu de temps sa seconde femme (1604), il renonça au monde et embrassa l’état ecclésiastique. Il devint membre et chapelain de la confrérie de St-François. Il n’en continuait pas moins à cultiver la poésie et même à travailler pour le théâtre : il se plaça bientôt au premier rang des auteurs espagnols, obtint une vogue extraordinaire, se vit comblé de biens et d’honneurs par les princes et acquit une fortune assez considérable. À la fin de sa vie il se tourna entièrement vers la dévotion et se livra même à des rigueurs qui, dit-on, abrégèrent ses jours. Lope de Vega était d’une fécondité incroyable : on dit qu’il fit 1800 pièces (tragédies, comédies, tragi-comédies, autos sacramentales), toutes en vers ; quelques heures lui suffisaient pour composer ses pièces. On y trouve une imagination inépuisable, mais déréglée ; elles contiennent des scènes excellentes, mais elles pèchent par l’ensemble ; les règles de l’art y sont continuellement violées ; le beau et le ridicule, le sublime et le trivial y sont sans cesse mêlés, et l’auteur n’a d’autre but que de faire impression sur la multitude. On n’en a imprimé que le plus petit nombre, et elles forment 25 vol. in-4 (Madrid, 1609-1647). Lope de Vega a aussi composé un grand nombre de poésies de genres très-divers, des poèmes, pour la plupart inconnus aujourd’hui, tels que l’Arcadie, fruit de sa jeunesse ; la Belle Angélique, pour faire suite à l’Arioste ; Jérusalem conquise, pour faire suite au poème du Tasse ; des satires, des odes, des églogues, des épîtres, et de nombreux sonnets ; elles remplissent 21 vol. in-4, Madrid, 1776-79. Parmi ses pièces on remarque : La Esclava de su galan, El castigo sin venganza, Las Almenas de Toro, El granduque de Moscovia, Nicolas de Tolentino. Quelques-unes ont été trad. par Damas-Hinard sous le titre de Théâtre choisi, 1843. Ern. Lafond a publié en 1857 une Étude sur la Vie et les Ouvrages de Lope de Vega, et a trad. (en vers) une de ses comédies, les Fleurs de don Juan.
Louis BOUILLET,
Dictionnaire universel d’Histoire et de
Géographie
vingt-sixième édition, 1878,
p. 1113.
Liens
Anthologie sonore en ligne
* On peut écouter des sonnets de Lope de Vega dits en espagnol dans les pages Lope de Vega de la Bibliothèque virtuelle Cervantes
En ligne le 27/10/05.
Dernière révision le 14/06/21.