GUILLAUME DE CHANEIN
DE LA TAYSSONNIÈRE.
Guillaume De Chanein, plus connu sous le nom de La Tayssonnière, fut un Poète beaucoup plus fécond que Robert Estienne [1]. C’était un Gentilhomme, né dans la Principauté de Dombes, et Seigneur de la Tour des Moles dans le Mâconnais. Il paraît qu’il suivit le parti des armes ; et il parle en plusieurs endroits de ses poésies, du service qu’il faisait à son Roi. La profession des Armes ne l’empêcha pas de cultiver l’étude, même celle des sciences. Du Verdier, qui cite de lui un grand nombre d’ouvrages, imprimés et manuscrits, tant en prose qu’en vers, en cite plusieurs en prose sur l’Arithmétique, sur le Calendrier, l’Astronomie, la Géomancie, l’Histoire naturelle ; des Éphémérides, et quelques traductions Françaises d’ouvrages Italiens.
Selon le même Bibliothécaire, La Tayssonnière a composé en vers, ses Amoureuses occupations : des fragments poétiques, contenant 17 Sonnets ; la Cigale ; élégie sur la misère de sa vie ; Chant responsif à celui de Phidias ; Fantaisie sur un portrait ; Gaieté : La Sourdine Royale, poème sonnant le Bouteselle, l’à Cheval, et à l’Étendard, à la noblesse Catholique de France pour le secours du Roi Charles IX : Idyllie de la modeste et vertueuse amitié d’un gentilhomme non courtisan envers sa maîtresse : Passions amoureuses chantées à la beauté et bonne grâce d’une Demoiselle de Savoie, nommée Anne de Bellegarde : des Avis pour l’éducation d’une fille de condition, sous le titre singulier d’Attifet des Damoiselles : une Pastorale, intitulée les Amours de Mellin et Urotine, en prose et en vers, tirée du premier livre de la Dame de Montemayor : et un poème de mille vers, intitulé le Bâtiment. Ces deux derniers écrits n’étaient point imprimés lorsque Du Verdier donna sa Bibliothèque, et je ne crois pas qu’ils l’aient été depuis.
La Croix-du-Maine qui ne rapporte qu’une partie de cette liste, dit que La Tayssonnière avait promis un livre de la Chasse de toute sorte d’Animaux ; et ajoute, que l’Auteur vivait sous Charles IX en 1570. Le dernier de ses ouvrages en prose montre qu’il vivait encore, au moins en 1578.
De tant de poésies de La Tayssonnière, dont je viens de faire l’énumération, je n’ai vu que ses Amoureuses occupations, imprimées dès 1556 à Lyon par Guillaume Roüille in-8°. Le titre en indique le sujet : l’Auteur était jeune et amoureux quand il composa ces vers, et l’on n’a pas de peine à reconnaître l’un et l’autre en le lisant. Il en fait d’ailleurs l’aveu dans le dernier Sonnet qu’il adresse au Lecteur :
Mes jeunes ans, ô lecteur,
encor verds
M’ont fait pousser sur ma Lyre ces chants :
Et mes esprits en grand’ardeur seichants,
En ont tissu et inventé les vers…
Ce sont les traits d’Amour non rebouchants
Qui m’ont ainsi mis le sens de travers.
C’est sa Divine en effet, c’est-à-dire, sa Maîtresse qu’il chante dans la plus grande partie de ses vers. […] [R]
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la Littérature
française,
tome XIII, 1752, pp. 251-254
[Gallica, NUMM-50656, PDF_277_280]
(texte modernisé).
Notes
[1] La « vie » de La Tayssonnière succède dans la Bibliothèque de l’abbé Goujet à celle de Robert Estienne.
Liens
Études en ligne
* On trouve sur Persee, portail de publication électronique de revues scientifiques en sciences humaines et sociales, deux comptes rendus publiés dans la revue Réforme, Humanisme, Renaissance : un compte rendu de G.-A. Pérouse, en 1994, Guillaume de La Tayssonniere, Œuvres poétiques, éd. critique par Paul Guichard ; un compte rendu de M. Clément, en 1993, Guillaume de La Tayssonnière, L’Attiffet des Damoiselles.
Liens valides au 02/07/22.
En ligne le 02/07/22.
Dernière révision le 19/04/23.