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Pres d'un
coustault, ou sa robbe premiere
La Dame prit, qui bien souuent esueille
Celuy, lequel sans cesse a elle ueille,
Et qui a toy nous mande à sa maniere,
Libres en paix passions par la lumiere
Du cler Phebus sans querre autre merueille,
Et sans doubter de trouuer rien qui uueille
Molester nostre allée coustumiere.
Mais de l'estat miserable, ou nous sommes
Mises a mort, & hors de tout bon heur,
Vn seul confort auons contre les hommes.
C'est de uengeance enuers nostre donneur:
Lequel submis a sa Dame en grand peine
Lié demeure auec plus forte chaine.
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modernisé |
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ARGUMENT selon
Philieul : Revenu que fut ledit Seigneur
Colonne [cf. sonnet précédent
dans
Philieul, livre III ,sonnet 1, Canz. 10] Pétrarque lui envoya une paire de Perdrix
mortes,
avec ce Sonnet attaché à leur col, où il feint que
les
Perdrix parlent, comme s'ensuit.
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AV
pié d'vne colline, où premiere vesture
Des membres terriens commença par vsage,
La dame de celuy qui nous met en sa cage,
Et où souuent par pleurs il prend sa nourriture.
Passions vie mortelle affranchis de nature,
Ainsi que liberté nous donnoit advantage,
Sans doute de trouuer ny trouble ny dommage,
Et sans nous soupçonner de si triste capture.
Mais du piteux estat où nous sommes reduits
Et de tranquille vie à vne autre conduits
Mesme de mort prochaine vn seul point nous conforte:
C'est de veoir le chasseur lequel nous a seduits
Et qui a par ses lacs rompu nos sauf-conduits:
Luy mesme garotté d'une chesne plus forte.
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En la douce
vallee ou que premierement
Des membres terriens print la belle pareure
La dame, qui a il qui nous mande a ceste heure
A toy, oste le somne a pleurer trop souuent.
Ceste vie mortelle en paix & librement
Nous passames a quoy tout animal labeure,
Sans soupçon de trouuer la voie autre que seure,
Ou ce qui à nos pas donnast empeschement.
Mais du piteux estat & mort ; esquels la vie
Autre qui nous estoit benigne, est conuertie,
Pour consolation vn seul confort auons:
D'estre vengez de cil qui nous fait ceste peine,
Lequel forcé d'autruy rend à peu prez l'haleine
Derniere estant lié de plus pesants chaisnons.
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modernisé |
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COMMENTAIRE DE
MALDEGHEM : Ayant le Poète pris en chassant quelques animaux il
les envoyait & fit donner à quelque sien ami, avec ce Sonnet
, & iceux par ledit Sonnet parler à lui, & se plaindre,
& [---]
qu'ils passaient au beau lieu où Madame Laure naquit [---] :
mais que toutefois ils se confortent, qu'en leur vengeance il
était
pris & lié avec à de plus fortes chaînes.
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