Traductions et imitations de
Se la mia vita...
Le Préambule des innombrables
««« Canzoniere 12 »»»































Textes originaux


TRADUCTIONS
IMITATIONS
1548, Philieul, traduction.
1575, Du Tronchet, traduction.
1600, Maldeghem, traduction.


_______________________________


Canzoniere, 12 : Se la mia vita da l'aspro tormento...
1555 (1548) - Vasquin PHILIEUL, Toutes les Œuvres vul- gaires de Pétrarque, livre I, sonnet 8, p. 13, traduction.
___________
[««« Philieul »»»]

    Si tellement puis garentir ma uie
Du torment aspre, & de l'estre indigent,
Que l'appetit plus ne soit mon regent,
Et que splendeur de uoz beaulx yeulx deuie:
    Et que uous aye, o dame, tant seruie,
Que le poil d'or soit changé en argent,
Et qu'enuieilly soit ce beau tainct si gent,
Qu'à pouuoir plaindre ha ma force rauie:
    Au moins d'amour i'auray tel aduantage,
Que i'oseray uous dire mes trauaulx,
Et quelz auront esté mes passez maulx.
    Mais si le temps est contraire au presage:
Ja n'aduiendra toutesfois qu'en secret
Mon dueil n'ait quelque ayse du tard regret.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»
ARGUMENT selon Philieul : Ici commence notre pauvre passionné entrer en matière, disant, que si à présent ne s'ose plaindre à sa dame pour la crainte, qui vient de trop aimer : il vit au moins en espérance, le pouvoir un jour faire quand tous deux seront vieux, & dehors soupçons : & que lors trop tard on regrettera de n'avoir eu merci de la peine d'autrui.








Canzoniere, 12 : Se la mia vita da l'aspro tormento...
1595 (1575) - Étienne DU TRONCHET, Lettres amoureuses, sonnet 12, pp. 234-235, traduction.
___________
[««« Du Tronchet »»»]

    SI ma vie se peut des furieux tourmens
Et des tristes labeurs iusqu'à ce point deffendre
Que sur mes derniers iours ie puisse veoir se rendre
De voz yeux excellens le doux enchantement:
    Ces cheueux de fin or argentez seulement,
Et autres que ioyeux & verds vehemens prendre,
Ceste face vermeille auoir couleur de cendre
Qui me fait tormenter & plaindre lentement.
    Amour peut estre lors me donra hardiesse
Que ie vous compteray le martyre & tristesse
Des annees, des iours & heures de mon cours.
    Lors si l'âge deffend l'amoureuse caresse,
Pour le moins mes douleurs trouueront, ma maistresse,
En voz regrets tardifs quelque peu de secours.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»

Erreur d'impression au vers 6 : lire vêtements à la place de vehemens.







Canzoniere, 12Se la mia vita da l'aspro tormento...
1606 (1600) - Philippe de MALDEGHEM, Le Pétrarque en rime française, sonnet 11, pp. 30-31, traduction.
___________
[««« Maldeghem »»»]

    Si ma veuë peut tant resister a l'enui,
Au trauail & tourment aspre & intollerable,
Que la force des ans dame douce, honorable
Le dard de tes beaus yeux me monstre estre esbloui.
    Et les cheueux d'argent (estant euanouï
Leur taint d'or) sans guirlande ou coiffure semblable
Et au verd parement la face inconuenable
Qui a plaindre (a mon dam) m'a prins coeur & appui.
    Amour me donnera au moins la hardiesse,
Que ie decouuriray la cause de ma presse,
Quels ont esté mes iours, mes heures & mes ans.
    Et si la saison est aux beaus desirs contraire,
Ce ne sera point sans que ton coeur debonnaire
Face vn souspir pour moy bien que hors de son temps.
»» texte modernisé ««« ~#~ »»»
COMMENTAIRE DE MALDEGHEM : Le Poète n'ayant la hardiesse de découvrir à Madame Laure quel était son martyre, dit que s'il peut tant résister à ses ennemis & tourments, qu'il puisse devenir vieil, & elle aussi, qu'alors par l'amour il prendra tant de hardiesse que de lui dire, quelle a été sa peine, que pour l'amour d'elle il a souffert.