De son heureuse infelicité, & triste liesse.
Mon cœur, ma voix, ma main,
& mes deux yeux
Par pensement, par chants, par escriture,
Et par cent fois repetee lecture
Prennent esbat tristement gracieux:
Le cœur heureux ne pourroit
auoir mieux
Que sus son aile Amour par grande cure
Porte au plus beau que fit onques Nature
En le logeant plus dignement qu’es Cieux.
Mais ceste voix, ceste main, ceste
veüe,
Pour ne se faire ouir, pour ne toucher,
Et pour ne voir la chose d’esprit veüe,
Plaintes, escrits, & pleurs me
font lascher,
Tant que le cœur à pitie incité
Triste deuient en sa felicité.
En l’absence de sa Sainte.
Mon cœur, ma voix, ma main
dextre, mes yeux,
Par pensement, par chants, par ecriture,
Et par cent fois remachee
lecture,
Prennent ébat tristement gracieux:
Le cœur heureux ne pourroit
auoir mieux,
Que sus son aile Amour par grande cure
Porte au plus beau que fit onques Nature,
Pour le loger plus doucement qu’es cieux:
Mais cette voix, cette main, cette
veuë,
Pour ne se faire ouïr, pour ne toucher,
Et pour ne voir, la chose en
esprit veuë,
Plaintes, écriz, &
pleurs me font lacher,
Tant que le cœur à pitie incité,
Triste deuient en sa felicité.
textes
originaux
[R]
En ligne le 19/02/22.
Dernière révision le 19/02/22.