Jean de LA GESSÉE (1551-?)
Paris, Fédéric Morel, 1579, Sonnets, V, p. 30 [←Gallica].

ADIEV Paris Adieu, de bon cœur ie te laisse,

 Te laisse, t’abandonne, & n’ay plus soing de toy:
Toy qui sembles aussi n’auoir plus soing de moy,
Moy qui perds auec toy ma Royne, & ma Maistresse.

Maistresse, qu’ay-ie dit? c’est plustost ma Deésse,
Deésse qui me comble & de ioye, & d’esmoy:
Esmoy comblé de ioye alors que ie la voy,
La voy, l’honore, & sers, sans dueil, sans fard, sans cesse.

Sans cesse puisses-tu son absence pleurer,
Pleurer, voire tousiours en regret demeurer,
Demeurer, & souffrir l’horreur d’vn gros nüage.

Nüage qui te couure, à tant que ce Soleil,
Soleil qui luit sans pair, te montre son bel œil:
Œil qui donne ame au corps, & lumiere à l’ombrage.

Adieu Paris Adieu… (1583)
Anvers, Christofle Plantin, 1583, La Sévère, I, p. 1134 [←Gallica].

Adiev Paris adieu! de bon cœur ie te laisse,
Te laisse, t’abandonne, & n’ay plus soing de toy:
Toy qui sembles aussi n’auoir plus soing de moy,
Moy qui perdz auec toy ma Dame, & ma Maistresse !

Maistresse, qu’ay-ie dit? c’est plustot ma Deesse,
Deesse qui me comble & de ioye, & d’esmoy,
Esmoy comblé de ioye alors que ie la voy:
La voy, l’admire, & sers, sans dueil, sans fard, sans cesse.

Sans cesse puisses-tu son absence pleurer,
Pleurer, voire tousiours en regret demeurer,
Demeurer, & souffrir l’horreur d’vn grand nüage.

Nüage qui te couure, à tant que ce Soleil,
Soleil qui luit sans pair, te montre son bel œil:
Œil qui donne ame au corpz, & lumiere à l’ombrage.

textes originaux
[R]

 

En ligne le 14/07/22,
Dernière révision le 22/10/22.