La Rhétorique française
 de René Bary
(1665)
Le Préambule des
innombrables

Dernière révision :
20 avril 2006


 







De la suspension
René BARY,
La Rhétorique française,
Paris, 1665, troisième partie,
Des figures, p. 459,
Gallica N0062444_PDF_508.








---Cette figure consiste à mettre l'esprit de l'auditeur en peine.
Exemple.
---Du Bellay contemporain de Ronsard, fait un sonnet, où après avoir représenté la plupart des choses qu'il hait, conclut enfin qu'il hait sur toutes choses un savoir pédantesque.
---Cette figure est bonne pour attacher l'attention.

 René Bary ne cite pas le sonnet de Du Bellay, que voici :

   Je hais du Florentin l'usurière avarice,
       Je hais du fol Siennois le sens mal arrêté,
       Je hais du Genevois la rare vérité,
       Et du Vénitien la trop caute malice :
   Je hais le Ferrarais pour je ne sais quel vice,
       Je hais tous les Lombards pour l'infidélité,
       Le fier Napolitain pour sa grand' vanité,
       Et le poltron Romain pour son peu d'exercice :
   Je hais l'Anglais mutin, et le brave Écossais,
       Le traître Bourguignon, et l'indiscret Français,
      Le superbe Espagnol, et l'ivrogne Tudesque :
   Bref je hais quelque vice en chaque nation,
       Je hais moi-même encor mon imperfection,
       Mais je hais par surtout un savoir pédantesque.

[R] Joachim DU BELLAY,
Les Regrets, 1558, f°17 v°,
Gallica N0071122_PDF_43.